ariad

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Carrefour

Novembre 2023

Je peux dire que jusqu’à maintenant, ma vie s’est plutôt écoulée comme un long fleuve tranquille. Il y a longtemps, je me suis contenté d’un choix sur lequel je me suis laissé porté. Mais était-ce vraiment un choix? A l’époque, j’ai eu des opportunités qui me sont apparues comme si elles étaient tombées du ciel, dans les moments où j’en avais le plus besoin. Une fois mon diplôme obtenu, je n’avais qu’une envie, trouver un travail et m’installer en toute indépendance quelque part. Et j’ai obtenu ça rapidement, vraiment par pure chance.
Plus tard, quand la boîte dans laquelle je bossais a coulé, j’ai vu mes modestes économies acquises après 3 années de travail disparaitre à toute vitesse à cause de plusieurs mois impayés. J’étais à deux doigts de me retrouver sans le sou. Et là encore, par miracle, j’ai retrouvé un travail en une semaine, après l’envoi de seulement quelques candidatures. Je suis tout simplement tombé au bon moment. Il faut dire aussi que ma situation à l’époque m’a fait négocier mon salaire au rabais, ce qui a dû compter dans l’attractivité de mon profil…

Dans ce nouvel emploi, qui aurait pu être un rêve pour beaucoup de personnes, je me souviens avoir été convaincu que j’allais être viré au bout de mes 3 mois d’essai. Cela n’a pas été le cas puisque j’y suis resté plus de… 13 ans. Pourtant, ce sentiment de ne pas être à ma place ne m’a jamais quitté. Je me suis accroché à ce job, que j’ai parfois apprécié et parfois haï mais où j’ai beaucoup appris. Je me demande quelle aurait été ma vie si je n’avais pas eu cet emploi durant tout ce temps, ce long fleuve (trop?) tranquille.

Aujourd’hui, je me retrouve à nouveau à un carrefour, mais les artères me paraissent moins bouchées. Toujours est-il que je reste dans un dilemme. Quelle voie prendre? Je ne suis plus dans la même situation, car j’ai pu faire des économies – certes modestes – mais je ne suis plus autant au pied du mur que par le passé. D’un autre côté, je sais que cela pourrait arriver très vite.

Alors voilà, je me retrouve de nouveau au carrefour de mes passions, de mes envies, de la « raison » , de la nécessité et des possibilités. On parle souvent de réalité. On aime confronter les rêves à la réalité. Icare qui se brûle les ailes… Mais la réalité, ne se construit-elle pas sur la base de rêves? Quel niveau de stabilité est nécessaire à la poursuite de ce qu’on aime réellement faire?

C’est évident. Nos choix sont limités par l’argent. C’est l’argent qui gouverne le monde. C’est ça la réalité, un mur droit devant nous, bien dur et rugueux, qui fait front. Si ce qu’on fait ne ramène pas d’argent, alors, on est intimé à ne pas le faire. Et si on échoue, alors là, on ne peut s’en prendre qu’à soi-même! C’est de notre faute! Point. Et ce qui va suivre est mérité. Fallait pas rêver. Il fallait penser ARGENT. Avoir un « Business model ».

Aucune de mes envies ne rime avec « business model ».

Quoi qu’on en dise, nos choix sont très limités. A moins d’avoir suffisamment de blé derrière, on est jamais loin de se retrouver sur la paille, et de devoir déposer ses rêves, son âme et tout ce qu’on estime pouvoir significativement apporter sous le rouleau compresseur de notre monde moderne.

Vous m’excuserez ce ton déprimant. Il se trouve que je suis sujet à la déprime… …mais aussi au « merveilleux ». Dans les deux cas, je pense que vous pouvez le remarquer dans mes dessins. ^^’

Le chapitre 4 des Aventures du Petit Personnage (sans tête) a été écrit il y a plus d’un an. Je l’ai finalisé pour sa mise en ligne peu avant l’annonce de mon licenciement. Une étrange coïncidence. Trouverai-je un moyen de suivre les traces qu’il esquisse?

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