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The Kojiki Project

Sur l’invitation de mon ami batteur et artiste Hideo, je participe à un projet musical collaboratif explorant la mythologie japonaise. Un projet ouvert à toutes et à tous qui permet de découvrir ces légendes ancestrales qui sont à la base de nombreuses croyances du shintoïsme. 

Le Kojiki est un recueil de mythes, connu comme étant le plus ancien document écrit en japonais. Il fût rédigé à la demande des premiers empereurs pour asseoir leur pouvoir. Ils récupérèrent les croyances populaires pour y adjoindre le récit de leur origine divine. 

On en retrouve de nombreux symboles dans la culture japonaise, y compris contemporaine. Le drapeau national, par exemple, fait directement référence à Amaterasu, la divinité du soleil.

La musique:

Onogoroshima

Izanami et Izanagi descendent directement des dieux primordiaux et sont chargés de peupler le monde. Depuis un pont céleste, ils créent la première île en projetant une lance dans l’océan. Le morceau est divisé en trois parties. La première évoque l’apparition des komis (divinités) primordiaux dans le Haut Ciel. S’ensuit la création de l’île (première terre du Japon). Enfin, ils s’y installent, créant un palais aux centre duquel s’élève une grande colonne. 

Amaterasu

Elle est la déesse du soleil. Dans la légende, elle est mise en opposition à son frère Susanoo, le dieu des tempêtes.  J’ai donc imaginé un thème qui pourrait évoquer la douceur d’un lever de soleil, ses rayons éveillant doucement la nature. La mélodie s’est créée spontanément en improvisant sur le clavier. J’ai envoyé ensuite le morceau à Hideo qui a su intégrer sa batterie et qui exprime très bien l’idée de la nature qui s’anime. C’est la première fois qu’on fait les choses dans cet ordre, habituellement, c’est moi qui m’adapte à ses percussions.

Battle against Yamata-No-Orochi

Ce titre interprète la légende qui entoure Susanoo, dieu des tempêtes au caractère rebelle, expulsé du Haut-Ciel pour l’avoir mis sans dessus-dessous. Il se rachète en sauvant les habitants d’un village des griffes d’un terrifiant dragon à huit têtes, Yamata-No-Orochi. Pour le vaincre, il ne manque pas de le rendre saoul en lui faisant boire une dose importante de saké (oui, ces légendes sont souvent carrément décalée). C’est pourquoi le morceau part en vrille vers la fin. Le reste du thème sonne « héroïque » avec une orchestration aux cuivres (jouée au clavier) sur les tambours battants d’Hideo. La clarinette se charge de raconter l’histoire.

Ame-No-Uzume

Ce thème fait référence à l’une des légendes les plus connues. La déesse du soleil Amaterasu, las de l’harcèlement de son frère Susanoo incapable de respecter l’ordre établi, s’enferme dans une grotte, privant le monde de jour. C’est Ame-No-Uzume, divinité de la gaieté, qui parvient à la faire sortir grâce à une danse érotique. En effet, les autres dieux se seraient tellement bidonnés à la voir danser que cela aurait éveillé la curiosité d’Amaterasu. Ce morceau est parti de la batterie d’Hideo auquel Wivresse a ajouté flûte, guimbarde et chants d’oiseaux. Je n’ai fais que me joindre à la fête en intégrant ma flûte à bec, ma clarinette et mon glockenspiel.

Yomi-No-Kuni

C’est le nom du monde des morts, accessible depuis une caverne. Izanagi s’y aventure à la recherche de sa bien-aimée Izanami mais il est trop tard. Celle-ci a déjà goûté à la nourriture servie en ces lieux et ne peux plus sortir. Aussi, Izanagi fait l’erreur de la regarder: elle ressemble à un zombie et ne manque pas, avec ses semblables, de se lancer à sa poursuite. Il parvient à s’en sortir en balançant des fruits à ses assaillants (oui!) et en bouchant l’entrée de la caverne à l’aide d’une grosse pierre. Il est intéressant de savoir que l’entrée de cette caverne se trouverait à Matsue.
Pour ce qui est de la musique, la piste expérimentale initiée par Hideo pose l’ambiance de cette inquiétante grotte. Il a créé cette piste en moins de 30 minutes à l’aide de son séquenceur. Je m’en souviens bien, puisque j’étais là. C’est en écoutant mon morceau « Me and the Void » qu’il a été inspiré. Du coup, l’idée d’ajouter à cette atmosphère la clarinette est venue d’elle-même pour représenter le cheminement d’Izanagi dans les ténèbres.