Pour ma part, je dessine et crée de la musique depuis ma plus tendre enfance. Cela a toujours été un monde à part, un univers d’exploration intérieure qui a contribué à façonner la personne que je suis. Cultiver mon univers personnel est important, c’est ma façon d’exister pour moi. Est-ce que c’est égocentrique? Peut-être, mais ce serait dommage de n’y voir que ça. Je pense que chaque individualité contribue à dresser un tableau commun dès lors qu’elle partage sa vision du monde, et je crois que c’est une des raisons qui explique pourquoi l’art est essentiel. La création artistique n’est pas qu’un exutoire, elle témoigne de ressentis et de perceptions qu’on ne saurait ou n’oserait pas forcément exprimer autrement. Comme toute chose, les créations des uns influencent celles des autres, nous mettant ainsi tous en relation. Je perçois un peu le monde de la création comme une toile invisible qui flotterait au dessus de nos têtes. Chacun pourrait empoigner un bout pour y déposer quelque chose.

C’est aussi une façon de vivre. Par ce biais, j’ai le plaisir de collaborer avec d’autres artistes, de découvrir de nouveaux horizons, de m’épanouir alternativement. C’est le cas avec le projet HIGHFLUX pour lequel j’ai collaboré avec un percussionniste expérimental basé à l’autre bout du monde, une personne que je considère comme un ami.

Les créations de chacun, mises bout à bout, dressent le portrait d’une époque par le prisme des individualités qui la vivent. En ce sens, créer est déjà en soi un acte engagé. A partir du moment où on livre nos ressentis, indépendamment de ce qui est attendu de la société, c’est déjà faire preuve d’engagement. La société attend de nous des performances, de correspondre à des normes. L’art permet d’offrir d’autres angles de vue, et de mettre à nu des pans entiers de qui nous sommes.