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Les aventures du petit personnage...

Chapitre 2: Les objets trouvés

Arrivé dans le monde des songes, le petit personnage se mit en quête de retrouver sa tête. Il rencontra un oiseau gigantesque prétendant incarner sa créativité qui lui permit d’éviter de sournois pièges. Ensemble, ils prirent leur envol en direction des objets trouvés…

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Ainsi, l’oiseau opéra un virage à 90° et fondit sur une ville étrange, perchée à flanc de falaises. Les immeubles étaient difformes et consistaient en d’invraisemblables empilements de cabanes. Un enchevêtrement complexe de passerelles en bois, de ponts suspendus et de toboggans permettait à une multitude de créatures de circuler. 

L’oiseau atterrit finalement au sommet d’un des pitons rocheux autour desquels s’enroulait la cité. Cette surface plane accueillait un établissement aux allures étonnamment géométriques, ce qui faisait tâche par rapport au reste des habitations en contrebas. « Dans ce bâtiment sont stockés tous les objets perdus qui ont été retrouvés par des âmes généreuses. Avec un peu de chance, tu y trouveras la chose que tu recherches. » informa l’oiseau.

Le petit personnage entra dans la bâtisse. Il fut prié par une dame de prendre un ticket et de faire la queue. Lorsqu’il souhaita la rejoindre, les personnes s’y trouvant déjà firent barrage, lui faisant signe de prendre sa place au début, comme tout le monde. Les gens étaient tous affublés d’un sac recouvrant leurs têtes. Plus bizarre encore: la queue faisait une boucle, de telle sorte que personne ne pouvait en atteindre le bout comme il n’y avait ni début, ni fin. De plus, rien ne se passait, personne n’était jamais appelé.

Devant cette situation absurde, notre héros décida de s’aventurer par lui-même dans les locaux. Il poussa une porte et arriva face à un bureau d’accueil derrière lequel une dame à forte corpulence était installée. Il lui expliqua son problème. Mollement, celle-ci l’invita à la suivre jusque dans une salle immense remplie d’étagères sur lesquelles étaient exposées une infinité de têtes. Elle lui expliqua que beaucoup de gens la perdaient en ces temps et qu’il incombait à la responsabilité de chacun d’être plus concentré. 

En voyant toutes ces têtes, le petit personnage fut saisi d’un malaise: comment allait-il pouvoir retrouver la sienne ? Il se mit à contempler chacune d’entre elles – certaines étaient vraiment étranges – mais la vision de tous ces visages le troubla à tel point qu’il ne fut plus capable de se souvenir à quoi il ressemblait. Il s’imaginait d’abord des histoires en fonction des visages. Quelle vie aurait-il bien pu avoir s’il avait eu cette tête-ci ou cette tête-là ?

Mais cela ne faisait que l’embrouiller davantage.

Devant ce tumulte, le petit personnage décida de quitter les lieux. 

Alors qu’il était sur le chemin du retour, l’imposante dame surgit et le poursuivit avec un gros panneau indiquant: « Ne partez pas les mains vides ! Une tête achetée, deux têtes offertes ».

Comme il déclinait la proposition incongrue, la dame le rattrapa de nouveau avec une autre pancarte: « Promo spéciale: sélection de 10 têtes à 30% ! Changez d’allure pour chaque occasion! ».

Le petit personnage s’agaça de cette insistance et se demanda quel était le problème avec ce bureau. Comment pouvaient-ils se permettre de revendre ces objets perdus à n’importe qui ? Le couloir lui parut interminable tandis qu’il était assailli par ces approches commerciales toujours plus agressives. Lorsqu’il regagna enfin le hall d’entrée où les gens faisaient la queue, il constata que tous s’étaient immobilisés et le fixaient.

En effet, ils n’avaient plus de sacs sur la tête, lui révélant leurs visages difformes et des points de sutures au cou. Ce lieu était glauque. Il fallait partir. La sortie étant barrée par ces êtres inquiétants, notre héros malchanceux se mit à courir en direction d’une autre porte. Mais derrière elle ne se trouvait qu’une pièce minuscule dont les quatre murs étaient flanqués de portes similaires et ainsi de suite.

Le petit personnage était prisonnier d’un véritable cauchemar.

Il finit par atterrir dans une grande salle très sombre dont les murs étaient couverts de chaînes et autres objets métalliques. Au milieu, des gens faisaient encore une fois la queue. Mais à l’issue de celle-ci, un gros boucher crasseux leur tranchait la tête à la hache. Chacune d’entre elles roulait sur le sol avant de disparaître par une petite trappe. Les gens dans la file avaient l’air absents, avançant tels des somnambules. Le boucher, lui, exécutait son travail sans état d’âme, crachant par terre, la blouse tachée de sang.

Devant ce spectacle ahurissant, le petit personnage tenta de faire réagir les futures victimes, mais celles-ci ne bougeaient pas d’un cil. Parmi elles, il y avait un groupe d’amis qui détonnait. Ils ne semblaient pas du tout dans le même état végétatif que les autres. Ils discutaient entre eux, comme s’ils étaient en train d’attendre de pouvoir accéder à une salle de cinéma. Ils ne remarquaient pas le petit personnage qui tirait sur leurs manches dans l’espoir de les faire réagir. C’était comme s’il était devenu invisible, inexistant. Il se résolut donc à s’enfuir en se faufilant par la petite trappe par où roulaient les têtes.

Il atterrit dans un chariot, parmi les têtes coupées. De grosses mains les saisissaient et il dut faire attention à ne pas être démasqué. Il parvint à se hisser hors du caisson, non sans avoir observé du coin de l’œil le labeur insensé opéré dans cette nouvelle pièce. Un travail à la chaîne était effectué: une personne saisissait les têtes puis les mesurait, une autre les époussetait, la suivante les trempait dans une mystérieuse lotion, la dernière les séchait et les faisait passer dans une autre lucarne. Elles allaient probablement être exposées dans la salle des étagères.

Le petit personnage parvint à s’échapper par un conduit. Il constata d’ailleurs avoir fortement rétréci au cours de ce périple effrayant.

Son parcours déboucha dans une grotte humide. Le calme ambiant lui permit de reprendre ses esprits. Puis, timidement, il se pencha au-dessus d’une flaque d’eau…

Clairement, son visage apparut dans le reflet. 

Il avait retrouvé sa tête !

Il s’empressa de rejoindre l’oiseau magique et se mit à courir vers la lumineuse sortie.

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